1440 à Bruxelles
UNE OEUVRE ...
Comme je l'ai indiqué dans ces quelques lignes …
le-visage-des-christs-de-rogier-van-der-weyden
… les Christs peints par ROGIER VAN DER WEYDEN (1400 c. - 1464) sont une référence iconographique du XVe siècle.
La scène de la Crucifixion, peinte en 3 volets et conservée au Kunst Historisches Museum, plus que toute autre, a fixé son empreinte durant des décennies dans l'imaginaire de nombreux artistes européens.
La continuité du paysage peint sur les 2 volets latéraux avec le paysage peint sur le panneau central révèle qu'à l'origine ces 3 volets ne constituaient qu'un seul et même tableau.
A une date indéterminée le tableau original peint par Rogier van der Weyden fût donc découpé en 3 parties pour confectionner le triptyque qui est actuellement exposé au Kunst Historisches Museum de Vienne en Autriche.
J'ai rapproché les 2 volets latéraux du panneau central afin de se faire une meilleur idée de la composition originale.
Rogier van der Weyden est le premier artiste à avoir réuni sur une même scène le Christ, Marie, Jean, les Saints et les Donateurs.
Et ce n'est pas la seule innovation que l'artiste apporte à l'iconographie religieuse.
On lui doit également le vent qui souffle sur la scène de la crucifixion et qui emporte les pans du perizonium du Christ dans un tournoiement improbable.
Andrea Mantegna (1431 c. - 1506), Martin Schongauer (1448-1491), Lucas Cranach (1472-1553) et bien d'autres artistes peindront à leur tour ce vent qui lève et emporte les pans du linge qui couvre le bassin du Christ.
Le corps du Christ est filiforme. Ses jambes ont une longueur infinie et elles se prolongent par des pieds eux-mêmes extrêmement étirés.
De la blessure sur le côté s'écoule un flot important de sang qui disparaît en quasi-totalité sous le linge de pudeur du Christ.
Conformément à la tradition, le Crucifié tourne le dos à la ville de Jérusalem où a été prononcée sa condamnation.
Bien qu'ils soient représentés au pied de la Croix du Christ, les Donateurs vivent la Crucifixion dans leur for intérieur.
Raison pour laquelle, certains aspects de la scène sont représentés de manière un peu surréaliste.
Ainsi la ville de Jérusalem affiche les caractéristiques d'une ville gothique et non d'une ville romaine.
Les voyageurs entrent dans la ville par la porte du beffroi, un bâtiment qui ne connaîtra ses heures de gloire qu'à partir du XIIe siècle ...
UNE EPOQUE ...
L'Epoque est à l'image de la splendeur de la ville de Jérusalem peinte en arrière plan par Rogier van der Weyden et de la luxuriance et de la sérénité des paysages qui entourent la ville.
Preuve de la splendeur qui règne à cette époque, le tableau de Rogier van der Weyden est attribué aux années 1440-1445, ces mêmes années où est lancé le projet de construction de l'aile droite de l'Hôtel de Ville de Bruxelles où le peintre résidait depuis 1435.
A cette époque, la ville de Bruxelles, comme la totalité des Pays-Bas, appartient au prince Philippe III de Bourgogne (1396-1467) dit Philippe Le Bon.
Rogier van der Weyden a réalisé le portrait du Prince, preuve de son immense notoriété et de sa fréquentation de l'élite sociale.
Les tableaux de Rogier van der Weyden sont à à l'image de sa Vie.
Ils sont grandioses, généreux et raffinés.
Ils sont empreints d'un profond sentiment religieux.
Ils sont aussi élitistes.
Publié le 13 septembre 2014