1er Trimestre 2023

J'ai cru un instant que cette page consacrée aux ventes de Christs et Crucifixions du 1er Trimestre 2023 allait demeurer vide tant les Ventes aux enchères de ces 3 premiers mois ont été rares et surtout sans grande originalité pour les Christs. 

Les Christs en Ivoire manquent singulièrement car c'est en travaillant cette matière que les sculpteurs ont révélé toute l'étendue de leur talent. Une loi européenne sans nuances contraint des Christs en Ivoire réalisés il y a plusieurs siècles à rester dans les tiroirs même si leur ancienneté est avérée. 

Témoignage,

Une Demande de CIC (Certificat Intra-Communautaire) a été faite sur le site de la CITES pour le Christ en Ivoire signé FILIE (Publication du 17 février 2018) A ma connaissance ce Christ en Ivoire est le seul Christ en Ivoire signé par un sculpteur dieppois actif au XVIIe siècle et son devenir serait de rejoindre les collections du Château-Musée de Dieppe. Malgré qu'il soit établi grâce à la signature authentifiée de FILIE que ce Christ en Ivoire est une oeuvre née sur le sol français il y a plus de 300 ans donc pleinement légitime et pré-Convention XVIIe siècle sa Demande de CIC est bloquée par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.  La raison est que sa vente en février 2018 n'a pas fait l'objet d'une Déclaration de Commerce alors que le Vendeur en avait l'obligation depuis la date du 20 novembre 2017. Si on revient aux raisons qui ont conduit à durcir les conditions de commerce de l'ivoire à savoir la préservation des éléphants,  on se trouve dans la situation de reprocher à un sculpteur qui a travaillé l'ivoire au XVIIe siècle de nuire au XXIe siècle à la préservation des éléphants. Cela prête à sourire ... ou à pleurer !

Je reviens aux ventes de Christs en Croix et Crucifixions du 1er Trimestre 2023.

 L'OVV Giquello et associés a organisé le 27 janvier 2023 une Vente sur le thème Haute Epoque et Curiosités. Plusieurs Christs en Croix et Crucifixions ont été présentés et adjugés. Parmi les adjudications ce Trône de Grâce en terre cuite attribué au XVIIe siècle et originaire d'Amérique du Sud. Malgré sa petite taille et son estimation dans la fourchette 1800€-2000€ il a été adjugé 8 800€ au marteau.

Lot N°87

Trône de Grâce en terre cuite en ronde-bosse polychromée et dorée, gouttes de verre vermillon imitant le sang. Dieu le Père est assis sur des nuées tenant devant lui de ses deux mains la croix sur laquelle est crucifié son Fils, la Colombe du Saint-Esprit les ailes éployées contre sa poitrine; il est revêtu d'une robe et d'un manteau ornés de motifs végétaux; terrasse ovale. Inscription sous la base M M. P.85 

Colonies hispaniques d'Amérique du sud, dernier tiers du XVIIe siècle 

Hauteur: 17,9 cm (petits accidents notamment au bras droit de Dieu le Père)

Estimation 1 800 € - 2 000 €

 Ce n'est pas un Christ remarquable et il est resté Invendu malgré la modestie de son estimation. En l'évoquant je veux souligner l'honnêteté du libellé qui désigne sans ambiguïté qu'il s'agit d'un Christ produit au XIXe siècle copiant un Christ du XIIIe siècle. J'ai consacré une page entière à ce modèle de Christ que j'ai intitulée Un Christ roman reproduit dans le bronze au XIXe siècle où vous lirez que la compétence et/ou l'honnêteté ne sont pas toujours la règle.

 Vente du 15 mars 2023 organisée par la SVV MILLON & ASSOCIES 

Lot N° 293 

Christ en croix bronze 14,5 x 14 cm Refonte du XIXème d’après le style du XIIIème siècle

Estimation 100€-150€

 Estimées à l'origine dans la fourchette 6 000€-8 000€ réduite par la suite à 1 500€-3 000€ ce lot composé de 6 plaques émaillées n'a pas trouvé Preneur. La vente s'est déroulée le 24 mars 2023 à Limoges et elle était organisée à Limoges par Maître Paul PASTAUD. J'avais repéré ce Lot grâce à sa plaque de la Crucifixion avec Saint François d'Assise en prière. L'Expert attribuait initialement ces 6 plaques à un Atelier limougeaud actif au XVIe siècle tout en soulignant leur singularité !

Lot N°130

Ensemble de six plaques d’un même retable en émail peint polychrome avec rehauts d’or aux bords cernés d’un double filet rouge et or. Les deux plus grandes portent des armoiries figurant un cœur transpercé de deux flèches sur un cartouche au bord découpé dans une guirlande de laurier. L’une représente l’Annonciation : l’Ange à gauche, surmonté de Dieu le Père dans une nuée, tient un phylactère portant l’inscription AVE GRACIA PLENA, Marie sur la droite, un livre ouvert dans une main, accoudée à un pupitre devant un lit à courtines. L’autre représente saint François d’Assise agenouillé devant le Christ en croix dans un paysage vallonné avec ville à l’arrière-plan et ciel étoilé ; un phylactère s’échappant de ses mains porte l’inscription REDIME MEE A CALVMNIIS HÔY (Redime me acalumniis hominum, Psaume 118, 134 : Délivrez-moi des calomnies des hommes), un autre, sous le blason, AMOVR FAICT • TOVCT. Contre-émaux rouge sombre. Les quatre autres, d’un format vertical, figurent le Christ aux Outrages, les poignets liés et la tige de roseau dans la main droite, inscription ECCE HOMO, la Vierge de Calvaire, les bras croisés sur la poitrine, inscription SANCTA / MARIA, la Vierge à l’Enfant couronnée par deux anges, inscription de part et d’autre IHS / MA et sainte Anne Trinitaire, inscription SAINTE / ANNE. Contre-émaux saumonés en fondant. 

Limoges, deuxième tiers du XVIe siècle Dimensions : Hauteur : 14,5 cm – Largeur : 21 cm et Hauteur : 14,5 cm – Largeur : 9 cm (petits accidents, manques et restaurations principalement en bordure) 

Les armoiries, probablement celles d’une congrégation religieuse, dépendante de l’ordre des Franciscains, n’ont pu être identifiées. 

Le style de ces plaques, provenant vraisemblablement d’un même retable, est assez singulier. On peut cependant les rapprocher de plusieurs plaques conservées dans des collections publiques, notamment deux au musée du Louvre données à un émailleur anonyme, visiblement de la même main (Inv. MR 2631 et 2632). On y retrouve les figures cernées d’un gros trait noir, une certaine maladresse dans les proportions et attitudes, des visages avec de long nez droit, des paupières et des lèvres précisément dessinées jusqu’au traitement des feuillages "au moyen de points blancs alignés". Ces six plaques forment ainsi un rare ensemble attribuable à ce peintre de Limoges au style bien particulier resté anonyme que l’historien de l’art Philippe Verdier avait identifié auparavant comme Barthélémy Texier, sans que l’on ait pu trouver de trace jusqu’ici de l’activité de cet artiste. Ouvrages consultés : - P. Verdier, The Walters Art Gallery Catalogue of the Painted Enamels of the Renaissance, Baltimore, 1967, p 140. - S. Baratte, Les Émaux peints de Limoges, Musée du Louvre, Paris, 2000, p 76 et 77

1ère Estimation  6 000€-8 000€

2ième estimation 1 500€- 3 000€

Invendu

 On vient de voir l'échec de la vente d'une série du 6 plaques émaillées attribuées au XVIe siècle limougeaud malgré son estimation basse réduite à 1 500€. 

A présent découvrons cette Croix émaillée réalisée au XVIIe siècle par le très notoire Atelier limougeaud de Jacques I Laudin. L'estimation était également modeste au regard de l'origine prestigieuse de la Croix pourtant elle fût adjugée 350€ au marteau. Sa vente s'est déroulée le 28 mars 2023 dans les locaux de  Me Nicolas Nouvelet à Paris

 On est en droit de s'interroger sur le bien fondé de l'ancienneté de ces productions émaillées attribuées à Limoges au regard de la faiblesse de leurs estimations et/ou de leurs adjudications.

^{Publié le 9 avril 2023}